Nous attaquons la 4ème semaine de confinement, et avant de commencer mon propos, j’adresse toutes mes condoléances à ceux qui ont perdu des grands-parents, des parents, des frères, des sœurs, des oncles, des tantes, des cousins/cousines, des amis ou des connaissances, car à ce stade, nous connaissons tous quelqu’un qui est mort du COVID- 19, à minima, une personnalité publique.
Dans cet article, je vais vous parler d’une autre victime collatérale potentielle : l'entrepreneuriat !
Il pourrait effectivement être une autre victime de ce virus,
si les états ne sont pas présents pour amortir le choc causé par cette épidémie
si les dirigeants des entreprises ne prennent pas conscience que toute cette énergie que nous déployons au quotidien, a une seule et même finalité : améliorer l’individu et la société.
L'entrepreneuriat est une des solutions trouvées par les économies du monde entier pour lutter contre le chômage.
L’entrepreneuriat, c’est la création de statut particulier favorable, ce sont des réductions d’impôts ici et là, ce sont d’innombrables conférences, des sites spécialisés, des fondations et j’en passe. L’entrepreneuriat, pris individuellement ou collectivement, semble être devenu la solution et la nouvelle forme du travail de demain.
Malgré cet enthousiasme autour de l’entrepreneuriat, au moment où j’écris ces quelques lignes, je suis conscient qu’en tant qu’entrepreneur j’ai beaucoup de chance d’
Etre en France, un pays où l’état est présent à nos côtés, et non l’un de ces pays où l’état considère que ce n’est pas son rôle d’empêcher les dépôts de bilan, ou encore l’un de ces pays où les états n’ont pas les moyens, ou ne se les donnent pas, d’être présents…
Avoir des clients, pour qui l’amélioration de l’individu et de la société sont des valeurs cardinales que nous partageons.
C’est cet écosystème favorable qui nous a permis, notamment, de recevoir des messages qui font du bien !!!
Des messages qui sont arrivés très tôt, dès l’annonce du confinement.
Le premier d’entre eux fut celui de l’un de nos chargés d’affaires :
J’ai reçu l’appel d’un de nos 3 chargés d’affaires bancaires, qui disait en substance : « il y a beaucoup d’annonces de l’état, les décrets ne sont pas encore parus, mais sachez que nous sommes là pour commencer à évaluer vos besoins ». C’est un appel qui fait du bien à l’entrepreneur que je suis, et peu importe ce qui sera fait in fine.
Les suivants furent à l’initiative de nos clients
Celui qui nous a appelé pour nous indiquer que sa direction lui a demandé de payer plus rapidement les TPE et PME
Celui à qui nous avons demandé de payer une avance sur la conception d’un dispositif de formation et qui nous a répondu : « j’allais vous le proposer »
Les derniers enfin, arrivés un peu plus tard, là encore provenant de clients, en recherche de solutions et convaincus de notre capacité d’adaptation pour les accompagner dans ces circonstances extraordinaires, notamment ceux qui
Ont découvert les conséquences de mettre 90 à 100 % de leurs salariés en télétravail, sur le management, l’efficacité et surtout leur motivation.
S’interrogent sur l’opportunité de lancer le coaching de ce manager que l’on n’a jamais pris le temps de lancer ?
S’interrogent sur comment accompagner leurs commerciaux qui, du fait du confinement, ne peuvent pas se déplacer pour rencontrer leurs clients et prospects.
Ces messages nous ont permis d’amortir les premiers chocs dus à la mise en place du confinement total.
Le prêt à taux zéro, d’un montant pouvant aller jusqu’à 25 % du CA de l’entreprise garanti par l’état, comme la plupart des mesures annoncées, ne vont pas régler tous les problèmes posés à l’entrepreneur par le Covid-19, mais il peut permettre d’amortir le choc. Sachant que quelqu’un finira bien par rembourser tout cet argent, (et ce sera bien à nous qu’il reviendra de le faire).
Ce qui permettra à l’économie de redémarrer assez tôt, donc à l'entrepreneuriat de ne pas être une victime collatérale, c’est l’état d’esprit des dirigeants (entrepreneurs ou salariés) qu’ils soient avec un profil
« Excel » (les managers trop nombreux qui pensent que tout se résume par le bas de bilan)
L’individu et la société aux cœurs de chaque décision.
Beaucoup se sont précipités sur des mesures de chômage total ou partiel, sans en peser les conséquences sur les femmes et les hommes, sans se demander s’ils pouvaient tenir autrement.
Loin de moi l’idée de généraliser abusivement, car pour bon nombres d’entreprises, il n’y avait pas d’autres choix.
Certains, parmi ceux qui avaient le choix, ont préféré faire du management « Excel » : effectivement, un plan de réduction de charges a un impact immédiat et certain, contrairement à un plan de développement centré sur les collaborateurs et la société avec un impact à moyen terme et sans garantie de résultats rapidement visibles.
Quel intérêt d’avoir des dirigeants, si c’est seulement pour faire bouger des variables dans un tableur Excel.
Mettre immédiatement un maximum de salariés en chômage technique sans penser à l’après !
Croire qu’il suffit juste de régler le problème technologique, pour passer du travail dans les bureaux au travail à distance
Croire qu’il suffit de réduire ses charges pour se sortir des impacts du Covid-19
Croire qu’il suffira, quand l’état l’autorisera, de faire le rappel des troupes, pour qu’ils reviennent motivés comme au 1er jour de leur intégration.
Cette posture simpliste, sous couvert de réalisme, avec une vision binaire et à court terme, oublie de prendre en compte la complexité de l’individu, et conduit à prendre le risque de faire de l’entrepreneuriat l’une des victimes collatérales du Covid-19.
L’entrepreneuriat ne sera pas la victime collatérale si l’écosystème suivant est en place
Un état présent (ni fort, ni faible) pour tous et aussi aux côtés des entrepreneurs
Des dirigeants (entrepreneurs ou salariés) qui placent aux cœurs de chaque décision, l’amélioration de l’individu et de la société
Prenez soin de vous !!!
Saïd AGBANRIN et toute l’équipe Manegere Associés
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